mardi 22 mars 2016

Pour Béatrice Hamon


" ...
L’Erdre avalée aujourd’hui à l’extrémité nord du cours St-André par la
voûte d’un tunnel , et rendue à l’air libre au long de l’usine Lefèvre-Utile par le
canal St-Félix – qui fait penser davantage au débouché discret d’un grand
collecteur qu’à un cours d’eau – s’est absentée aujourd’hui du centre de
Nantes, plus ostensiblement peut-être encore que la Loire : c’est sa rainure
étroite, canalisée comme un sas d’écluse entre des parois de granit verticales,
qui marquait autrefois la frontière entre le Nantes médiéval et le quartier
Graslin : petit couloir d’eau emmurée, aussi inerte et placide qu’un grachi
néerlandais. Plus clairement que pour les anciens bras de la Loire, la cicatrice
de son lit comblé se devine le long du cours des Cinquante Otages, cependant
que la rue de l’Arche Sèche, qui court à sa droite presque parallèlement,
enjambée par les rues de Feltre, des Deux-Ponts et du pont Sauvetout,
descendant des hauteurs du quartier Graslin, fait presque figure aujourd’hui,
sous l’arceau de ses ponts, du véritable chenal ancien de la rivière.
..."

Julien Gracq, La Forme d’une ville,

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