jeudi 28 avril 2016

Pour Maho



Serai-je un jour celui qui lui-même mena
Ses scrupules mûrir aux tropicales plages ?
Je sais une tristesse à l’odeur d’ananas
Qui vaut mieux qu’un bonheur ignorant les voyages.

L’Amérique a donné son murmure à mon cœur
Encore surveillé par l’enfance aux entraves
Prudentes, je ne puis adorer une ardeur
Sans y mêler l’amour de mangues et goyaves.

N’était la France où sont les sources et les fleurs
J’aurais vécu là-bas le plus clair de ma vie
Où sous un ciel toujours vif et navigateur
Je caressais les joncs de mes Patagonies.

Je ne voudrais plus voir le soleil de profil
Mais le chef couronné de plumes radieuses,
La distance m’entraîne en son mouvant exil
Et rien n’embrase tant que ses caresses creuses.

Jules Supervielle

3 commentaires:

  1. Comme on dit :"ça fait peur"!
    C'est un dessin à l'encre, et un acarien ?
    Très chouette avec les taches d'aquarelle ou d'encres de couleurs)


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  2. La poésie de Supervielle me fait toujours frissonner d'émotion

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  3. C'est un moustique caricaturé par un dessinateur de OF, dont malheureusement je n'ai plus le nom ...
    Pour Supervielle, c'est pareil, j'aime beaucoup ce poète voyageur ...

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