mercredi 26 octobre 2016

Pour Emmanuelle Villebrun


Chaque matin, au saut du perchoir, le coq regarde si l’autre est toujours là, – et l’autre y est toujours.
Le coq peut se vanter d’avoir battu tous ses rivaux de la terre, – mais l’autre, c’est le rival invincible, hors d’atteinte.
Le coq jette cris sur cris : il appelle, il provoque, il menace, – mais l’autre ne répond qu’à ses heures, et d’abord il ne répond pas.
Le coq fait le beau, gonfle ses plumes, qui ne sont pas mal, celles-ci bleues, et celles-là argentées, – mais l’autre, en plein azur, est éblouissant d’or.
Le coq rassemble ses poules, et marche à leur tête.
Voyez : elles sont à lui ; toutes l’aiment et toutes le craignent, – mais l’autre est adoré des hirondelles.
...
Jules Renard    Le coq

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