Je vois enfin la mer dans sa triple harmonie, la
mer qui tranche de son croissant la dynastie des
douleurs absurdes, la grande volière sauvage, la mer
crédule comme un liseron.
Quand je dis : j'ai levé la loi, j'ai franchi la morale,
j'ai maillé le cœur, ce n'est pas pour me donner raison
devant ce pèse-néant dont la rumeur étend sa palme
au delà de me persuasion. Mais rien de ce qui m'a
vu vivre et agir jusqu'ici n'est témoin alentour. Mon
épaule peut bien sommeiller, ma jeunesse accourir.
C'est de cela seul qu'il faut tirer richesse immédiate
et opérante. Ainsi, il y a un jour de pur dans l'année,
un jour qui creuse sa galerie merveilleuse dans
l'écume de la mer, un jour qui monte aux yeux pour
couronner midi. Hier la noblesse était déserte, le
rameau était distant de ses bourgeons. Le requin et
la mouette ne communiquaient pas.
- O Vous, arc-en-ciel de ce rivage polisseur,
approchez le navire de son espérance. Faites que
toute fin supposée soit une neuve innocence, un
fiévreux en-avant pour ceux qui trébuchent dans la
matinale lourdeur.
René Char
Pour la classe (CE2) de Erwan Cherbonnel
Pour la classe (CE2) de Erwan Cherbonnel
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