jeudi 19 janvier 2017

Pour Ecole publique de Lantic



Je vois enfin la mer dans sa triple harmonie, la

mer qui tranche de son croissant la dynastie des

douleurs absurdes, la grande volière sauvage, la mer

crédule comme un liseron.

Quand je dis : j'ai levé la loi, j'ai franchi la morale,

j'ai maillé le cœur, ce n'est pas pour me donner raison

devant ce pèse-néant dont la rumeur étend sa palme

au delà de me persuasion. Mais rien de ce qui m'a

vu vivre et agir jusqu'ici n'est témoin alentour. Mon

épaule peut bien sommeiller, ma jeunesse accourir.

C'est de cela seul qu'il faut tirer richesse immédiate

et opérante. Ainsi, il y a un jour de pur dans l'année,

un jour qui creuse sa galerie merveilleuse dans

l'écume de la mer, un jour qui monte aux yeux pour

couronner midi. Hier la noblesse était déserte, le

rameau était distant de ses bourgeons. Le requin et

la mouette ne communiquaient pas.

- O Vous, arc-en-ciel de ce rivage polisseur,

approchez le navire de son espérance. Faites que

toute fin supposée soit une neuve innocence, un

fiévreux en-avant pour ceux qui trébuchent dans la

matinale lourdeur.

René Char 

Pour la classe (CE2) de Erwan Cherbonnel

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